La troisième édition de la YOTTA XP, ce week-end à Vichy, a de nouveau montré le fort potentiel d’une épreuve atypique (enchaînement de boucles de natation et de course à pied dans des temps de plus en plus réduits).

Malgré les ajustements dus aux conditions météorologiques, le record de participation (plus de 1 000 inscrits pour 280 la première édition, 650 la deuxième) mais surtout les réactions à l’issue de chacune des épreuves ont placé l’événement parmi les rendez-vous incontournables.

Trombes d’eau sur Vichy

L’orage s’étant abattu vendredi soir sur la région de Vichy n’aura pas réussi à gâcher la fête. Une partie de la nuit et dès le petit matin, toutes les équipes d’organisation et l’ensemble des bénévoles s’étaient mobilisés pour remettre le site en état d’accueillir un événement sportif à la hauteur des attentes des participants de cette édition 2024. Une édition record avec plus de 1 000 coureurs au départ des différentes courses.

Le départ groupé donné à 12 heures pour les trois courses de la journée (finalement toutes réunies pour éviter les nouveaux orages annoncés en fin d’après-midi), résonnait comme une belle récompense pour tout ce travail, avec le son de battements de cœur lancés par la sono pour un moment solennel.

Sur la ligne de départ, quelques-uns des meilleurs mondiaux mais aussi des amateurs, moins aguerris, ravis de profiter du privilège de partager ce moment avec les stars. La modification du programme leur a même permis de partager le même parc de transition. Moment rare de pouvoir se changer juste à côté d’un champion du monde !

Yotta XP

Enchaînements infernaux

Une première boucle de 500 m de natation et de 4 km de course à pied à effectuer en moins de 40 minutes. Puis une deuxième en moins de 35, une troisième en moins de 30 et enfin une quatrième à conclure en moins de 25 pour gagner le droit de disputer l’ultime boucle. Départ toutes les 40 minutes. Juste le temps de souffler, de se réhydrater, de partager aussi dans l’aire de transition avec ses coéquipiers, ses amis, tous embarqués dans la même expérience. Et toujours ce temps qui file avant de replonger.

Transcendés, poussés par le public et l’ambiance unique de la YOTTA, 90% des participants ont pourtant accédé à la troisième boucle et encore 80% à la quatrième avant que la sanction du chrono ne fasse davantage de victimes. « C’est vraiment rigolo, raconte Jean-Sébastien Bonnivard, venu des Yvelines et pour la première fois au départ de la YOTTA. J’ai été éliminé à l’issue de la quatrième boucle. Le cut-off était un peu trop haut pour moi (25’), mais j’ai adoré. On regarde son temps, on calcule son temps et on essaie de faire des stratégies. J’espérais pouvoir gérer et puis finalement… non. Quatre tours, finalement, c’est déjà pas mal. Je suis tombé sur cette course par hasard et le concept m’a bien plu. J’ai donc organisé mes vacances en fonction de la YOTTA. Vichy est une étape sur la route du sud. Je suis très content et maintenant place aux vacances. 

 

Jolanda Annen (SUI) et Menno Koolhaas (HOL) conservent leur titre

« Amusez-vous ! » Au terme de son mot d’accueil pour les 40 champions venus disputer la YOTTA XP Élites, Sacha Rosenthal, fondateur et PDG de XEFI, à l’origine de la YOTTA, avait lancé ce message. Reçu 5 sur 5 ! La YOTTA XP Élites a une fois encore livré un grand spectacle. Pendant cinq boucles, les divers(es) champion(ne)s du monde, d’Europe en triathlon swimrun, aquathlon et duathlon et autres vainqueur(e)s d’Ironman sont tous allés chercher leur limite. Parfois, ils les ont même sans doute dépassées.

Vainqueur l’an dernier, le Néerlandais Menno Koolhaas a conservé sa couronne, avec la même domination qu’un an plus tôt. Champion d’Europe longue distance en 2023, vainqueur du 70.3 Cascais 2022 et du Challenge Geraardsbergen en 2023, le triathlète de 28 ans a fait preuve d’une belle régularité avec ses quatre premières boucles effectuées en 18’15’’, 18’19’’, 18’28’’ et 18’35’’). Vainqueur de chaque boucle, il a cumulé une avance de 1’18’’ sur Aurélien Raphaël et de 1’34’’ sur Hugo Tormento, double champion du monde de swimrun, systématiquement en tête à la sortie de l’eau. Largement suffisant pour gérer mais surtout savourer la dernière boucle disputée sous la forme d’une poursuite. Derrière, Hugo Tormento a su faire parler sa puissance en natation pour vite rattraper son retard puis a fait la différence à pied sur le sociétaire de Poissy.

Yotta XP

Hugo Tormento et Aurélien Raphaël

Chez les femmes, la tenante du titre Jolanda Annen n’a pas laissé la moindre chance à ses adversaires. Légèrement distancée dans l’eau, la Suissesse, a ensuite déroulé des courses à pied de haut niveau, avec pour elle aussi une jolie régularité (20’03’’, 20’41’’, 20’41’’, 20’44’’). Seizième de la WTCS de Hambourg il y a quelques jours (le plus haut niveau de triathlon en distance olympique), Allen a survolé chacune des boucles en capitalisant 2’07’’ d’avance sur sa dauphine, avant le dernier acte.

Victorieuse de la première édition en 2022, Margot Garabedian, championne du monde d’aquathlon 2022, a tout donné dans le dernier tour pour venir arracher la deuxième place. La Slovaque Ivana Kuriackova complète le podium, comme lors des deux premières éditions. Derrière, malgré la douleur de l’effort, beaucoup de sourires. « Je me suis régalée, c’est super ludique, savoure Julie Iemmolo, auteur de la meilleure performance française de l’histoire sur Ironman, début juin, à Hambourg et septième de la YOTTA XP Élites. On ne réfléchit pas, on pose le cerveau et on donne tout. Je suis plus sur des formats longs mais ça ne m’a pas empêchée de m’amuser. » S’amuser. Le mot d’ordre de Sacha Rosenthal a bien été appliqué.

Yotta XP

Margot Garabédian

 

LES PODIUMS 

YOTTA XP Élites
HOMMES
1. Menno Koolhaas (HOL), 1h33’20’’
2. Hugo Tormento (FRA), à 53’’
3. Aurélien Raphaël (FRA), à 1’48’’

FEMMES
1. Jolanda Annen (SUI), 1h43’06’’
2. Margot Garabedian (FRA), à 3’14’’
3. Ivana Kuriackova (SLQ), à 3’23’’

YOTTA XP 
HOMMES
1. Antoine Magana, 1h47’34’’
2. Corentin Prohète, à 3’52’’
3. Germain Deboffle, à 7’25’’

FEMMES
1. Rachel Roques, 1h56’42’’
2. Camille Rabe, à 14’24’’
3. Julia De Leeuw, 4 boucles

YOTTA XPS 
HOMMES
1. Alexis Dupuy, 1h44’15’’
2. Guillaume Baronnet, à 1’27’’
3. Vincent Couty, à 1’45’’

 

Une épreuve pour les Kids

Une journée entamée par des sourires d’enfants est forcément une belle journée. Encore plus quand ils sont partagés par ceux de leurs parents, fiers de voir leur petit ou leur petite donner leur meilleur. Dimanche matin, pour la seconde journée de la troisième édition de la YOTTA, sous l’arche d’arrivée, le souffle est court, les joues sont rouges, et les jambes flageolent. Mais la médaille avec laquelle tous repartiront trouvera vite une place de choix dans la chambre. Les souvenirs aussi resteront gravés pour longtemps. Avec pour certains la naissance de rêves sportifs et peut-être même de jolies carrières à écrire dans le futur.

Yotta XP

credit Activ Images

Nouveauté de cette édition 2024, la YOTTA Kids a pour la première fois permis aux plus jeunes de s’immerger dans l’esprit YOTTA. Comme les grands ! Sur des boucles de course à pied à répéter trois fois et adaptées selon les âges (300 mètres pour les 6-9 ans, baptisés les « Kangourous », 650 mètres pour les 10-13 ans, appelés les « Lièvres » et enfin 1500 mètres pour les « Guépards », de 14 à 17 ans), les enfants ont eux aussi vibré, escortés par les athlètes professionnels de la YOTTA XP Élites de samedi, tout heureux d’être restés un jour de plus pour participer à la fête. Plus tard, en regardant les photos, les enfants réaliseront la chance d’avoir eu leur banderole tenue par une championne du monde ou par l’un des meilleures triathlètes au monde. Le privilège aussi d’avoir été encouragés et récompensés par Amélie Mauresmo, ancienne numéro 1 mondiale de tennis et vainqueure de deux tournois du Grand Chelemvenue participer à la YOTTA XPS Relais, ou par Camille Lacourt, quintuple champion du monde de natation, forfait de dernière minute en raison d’une blessure à une épaule.

 

YOTTA XPS Femmes et YOTTA XPS Relais 

À la suite des fortes pluies dans la nuit de samedi à dimanche, les conditions de sécurité n’étant plus assurées pour une épreuve de natation dans l’Allier (débit trop important, objets flottants etc.), l’organisation de la YOTTA avait dû se résoudre à remplacer la partie natation par une boucle de 2 km de course à pied. Sur la YOTTA XPS Femmes, la partie natation a également dû être annulée et la course modifiée avec une boucle de course à pied allongée de 4 à 6 km.

Pour tous, le même objectif : terminer la première boucle en moins de 42 minutes puis chacune des suivantes avec 5 minutes de moins à chaque boucle, pour gagner le droit de repartir au tour suivant (départ donné toutes les 42 minutes). Un objectif sportif, mais avant tout un challenge à relever. À partager aussi pour les 250 équipes au départ de la YOTTA XPS Relais, venus en famille, entre amis, partenaires d’un même club et même entre collègues. « Ce fut une super expérience », racontent Isaure et Vincent, venus de l’agence XEFI de Montpellier, deux des 241 collaborateurs du groupe XEFI engagés sur le week-end de la YOTTA. « Notre chef d’agence nous a tous chauffés pour venir. Nous étions finalement un groupe de 12. Nous ne nous connaissions pas tous, la YOTTA nous offert une belle cohésion, sur la course mais même au-delà. Tout le monde se motive sans même se connaître. L’entraînement a été un peu chaotique, mais la performance sportive n’était vraiment pas importante. »

En famille, entre collègues ou entre amis au départ de la YOTTA XPS Relais 

Frédéric Ruberti et son fils Mattéo, déjà au départ la veille de la YOTTA XP Élites, ont aussi partagé le dossard de la YOTTA XPS Relais. Triathlète prometteur de 22 ans, Mattéo a été diagnostiqué autiste. Encouragé et porté par son père, il détruit toutes les barrières les unes après les autres et réalise aujourd’hui des performances de haut standing (qualifié pour les Mondiaux d’half-Ironman). Sa participation à la YOTTA en fut une belle illustration. « Ce relais est symbolique car il illustre le fait que je lui ai transmis la flamme du sport », raconte le père. « C’est aussi une belle occasion de faire quelque chose ensemble. Il va désormais trop vite pour moi sur marathon (2h41’ au Marathon de Paris), la YOTTA est donc une belle expérience pour nous deux (7e au classement). »  

Sacré champion d’Europe du 3000 m steeple cet été à Rome, Alexis Miellet, en stage à Vichy, a profité du spectacle. « On m’a proposé de participer mais aussi près des Jeux olympiques, ce n’aurait pas été raisonnable, confie-t-il. Surtout que je ne sais pas faire les choses juste pour participer. Mais j’adore ce concept et je compte bien y participer un jour. »

Licenciée au club de triathlon de Saint-Michel-sur-Orge (Essonne), Camille, deuxième de la YOTTA XP Femmes, samedi, illustre le sentiment de beaucoup. «Il y a un côté hyper ludique qui est génial, explique-t-elle. Sur une course traditionnelle, une fois qu’on est parti, on se met dans sa bulle jusqu’au bout. Sur la YOTTA, entre les boucles, tout le monde sympathise. Personnellement, j’adore nager et courir mais je suis moins fan du vélo. La YOTTA est donc parfaite. Être mélangé avec les pros, c’est top. On ouvre grand les yeux quand on les voit juste à côté de nous dans le parc de transition. L’idée du cut-off est également super. Sur la quatrième boucle, je savais que ça allait être juste. Mais je me disais que si ça ne passait pas, j’en profiterais pour voir les champions. Quand tu vois la ligne d’arrivée et que ça se joue à quelques secondes, tu donnes tout. Je suis venue seule cette année mais je vais motiver les gens du club pour venir l’an prochain. »

Yotta XP

credit Activ Images

Sacha Rosenthal : « Les sourires des gens sont notre vraie récompense »

Avec désormais le cap des 1 000 inscrits franchi (280 la première édition, 650 la deuxième), les luttes de très haut niveau samedi sur la très relevée YOTTA XP Élites remportée, comme l’an dernier, par le Néerlandais Menno Koolhaas et la Suissesse Jolanda Annen, et avant tout l’enthousiasme partagé par tous les participants, la troisième édition de la YOTTA aura marqué les esprits.

Sami Driss, directeur général YOTTA Sports « Le bilan est ultra positifNous n’avons vu que des sourires et des gens bienveillants avec nous qui nous ont remerciés d’avoir réussi à maintenir la course malgré les conditions et les multiples adaptations depuis vendredi. Nous avons pu compter sur des bénévoles hyper engagés et sur une belle équipe. Le week-end a été exceptionnel. Nous avons franchi un cap à de multiples niveaux. Nous nous étions fixé l’objectif d’atteindre les 1000 participants au début d’année. Mission remplie. Tous les gens nous disent qu’il n’y a pas d’autres épreuves comme la nôtre. Nous en sommes convaincus depuis le début mais quand ça vient des autres, c’est encore mieux. »

Sacha Rosenthal, fondateur et PDG de XEFI, à l’origine de la YOTTA : « Ce fut une édition exceptionnelle dans des conditions exceptionnelles. Nous avons su nous adapter avec les équipes de Gaël Mainard (directeur sportif) et Sami Driss (directeur Yotta Sports) qui ont su trouver les modifications parfaitement adaptées et pertinentes. Je n’ai entendu que des ‘’je reviendrai’’ et des remerciements. Les sourires des gens sont notre vraie récompense car on les sait sincères. Même si c’est un vrai rendez-vous sportif, l’ambiance a aussi été très familiale comme nous le souhaitions. La YOTTA Kids a participé à ça et a ajouté au spectacle. Nous voulons continuer sur ce chemin. Nous avons fait 40% d’augmentation cette année sur les participants malgré une année olympique. Notre objectif est de faire au moins aussi bien l’an prochain en passant la barre des 1500 coureurs au départ. Nous sommes une jeune course et nous avons encore appris cette année. Nous allons donc encore travailler pour améliorer la YOTTA tout en gardant ses fondamentaux comme le cut-off. Toutes les autorités ont apprécié l’événement. Les clubs qui étaient sceptiques sont désormais convaincus. La course est désormais bien lancée, bien ancrée. La YOTTA est devenue un rendez-vous incontournable. Rendez-vous le 1er septembre pour l’annonce de la 4e édition. »

Photos Thierry Sourbier

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