La deuxième édition de la Yotta XP (un multi-enchaînement natation- course à pied) a souri aux coureurs étrangers venus découvrir ce concept à suspense. La Suissesse Jolanda Annen l’emporte ainsi chez les filles, tout comme le Hollandais Menno Koolhaast chez les hommes.
Par Luc Beurnaux – Photos @ Adventif Outdoor
Le concept de la Yotta XP a semble-t-il dépassé les limites du territoire hexagonal, attirant, pour sa deuxième édition, plusieurs triathlètes issus des pays européens voisins. Une diversité qui satisfera sans doute l’organisateur Sacha Rosenthal, PDG de de l’entreprise XEFI, à l’origine du projet. Le bond subi par les inscriptions pour cette deuxième édition aura aussi été remarquable. De 210 concurrents en 2022, l’épreuve est passée cette année à 650 inscrits, sur les trois formats de course proposés (XP, XPS, et XPS Relais). Preuve que le concept, basé sur des boucles à effectuer selon un temps imparti et dégressif au fil de tours, a trouvé un public curieux, expérimenté ou novice, désireux de s’aguerrir dans le multi-enchaînement ou d’y trouver, pour les meilleurs, un pis-aller aux compétitions plus classiques.
Les duos lancent les hostilités
Cette deuxième édition a débuté par le Format XPS Relais, une nouveauté 2023, ouvert aux duos composé d’un nageur et d’un coureur. Le nageur effectuait 500m dans l’Allier, puis passait le relais à l’équipier coureur, qui effectuait 4km au cœur du Centre Omnisport de Vichy. Avec d’abord 40 minutes pour réaliser l’enchaînement complet, puis 35 minutes au 2e Tour, 30’ au 3e, etc, ceux ne passant pas le « cut off » étant éliminés. Au 5e et dernier tour, les « survivants » étaient réunis pour un dernier départ de masse et une ultime joute désignant le duo vainqueur. A ce petit jeu, le Team Roger Ferdinand (du nom du lycée que les deux équipiers Damien Cousquer et Gabriel Briand avaient fréquenté) se montrait le plus complémentaire et le plus rapide des 125 équipes au départ, avec Gabriel valant moins de 30’ au kilomètre et auteur de 2h18 au dernier Marathon de Paris !.
Duel Swimrunners-Triathlètes sur la course Elite
Après cette mise en bouche, survenait l’épreuve phare du week-end de compétition, la Yotta XP, ouverte aux athlètes Elite invités par l‘organisation, et aux coureurs amateurs. Un peloton d’une centaine d’unités, hommes et femmes confondus, avec quelques grands noms du swimrun et du triathlon, comme Hugo Tormento et Max Andersson, champions du monde de swimrun 2022, Denis Chevrot, double champion d’Europe Ironman, Aurélien Raphaël, champion du monde junior de triathlon 2007, habitué des WTS et Coupes du monde, Manon Genêt, ou Desiree Andersson côté féminin.
Au programme, 1km de natation et 8km de course à pied à enchaîner d’abord en 60 minutes (65 pour les filles), puis 55’ sur le 2e Tour, etc…. Un gros morceau pour ceux parvenant jusqu’au 5e Tour final, qui représentait 40km à pied et 5 de natation… Stratégie et gestion de course étaient au programme, pour ne pas se « griller » prématurément, ou au contraire attaquer trop « mollement » les premiers tours et devoir ensuite « cravacher » pour sauver sa peau pour le tour suivant.
L’étonnante facilité de Koolhaas
Au final, on aura assisté chez les hommes à un cavalier seul du grand Hollandais Menno Koolhaas, transfuge du triathlon olympique passé il y a quelques années sur Longue distance. Il y a quelques semaines, il remportait ainsi le Challenge Grammont en Belgique, et en 2022 il avait triomphé sur l’Ironman 70.3 Cascais (POR). A Vichy, il aura semblé survoler les débats, ne jamais dépassé par la pression du chronomètre et de l’effort qui s’intensifiait au fil des tours. Sortant derrière les meilleurs nageurs, il parvenait à chaque tour à refaire son retard en course à pied. D’une facilité déconcertante, il remportait chacun des 5 tours, dont le dernier effectué au terme d’une poursuite calculée à partir des écarts accumulés sur les quatre premiers tours.
Au final Koolhaas l’emporte en 3h09 :47, ravi de cette première expérience, sur un parcours qu’il aura jugé technique à pied qui lui convenait particulièrement. L’Australien Marcel Walkington, lui, fera une course empreinte de sagesse, remontant petit à petit au fil des tours, pour terminer 2e comme l’an dernier, à 4’48. Sur la dernière marche du podium, on retrouve le premier Français, William Even, un Brestois spécialiste du swimrun, qui devance Hugo Tormento, autre adepte du swimrun, et 4e du jour. habitué à des ambiances plus fraîches, Tormento avouera avoir rapidement « surchauffé » dans les eaux et sur le parcours pédestre vichyssois, pourtant plus ombragé que celui de l’an dernier. Le triathlète olympique Aurélien Raphaël prend la 5e place.
Le travail de sape de Annen
Chez les filles, un petit peloton de quatre athlètes se détachait dès le premier tour, composé de la tenante du titre Margot Garabedian, de la Championne du monde groupe d’âges 2018 Kristelle Congi, de la Suissesse Jolanda Annen, et de la Slovaque Iviana Kuriackova. Un quatuor qui allait se disloquer au fil des tours, la Suissesse, 19e des derniers JO de Tokyo et 14e à Rio en 2016, accentuant son avance au fil des tours sur ses rivales. Au final, elle l’emporte en 3h39 :48 devançant Kristelle Congi de 5 minutes, vaincue par les crampes sur le dernier tour, qui sauvait sa deuxième place de quelques secondes sur la vaillante Kuriackova, la seule à nager sans plaquettes ni pull buoy dans le quatuor de tête !
A la tombée de la nuit, le rideau tombait sur cette course Elite, pour laisser la place le lendemain, aux coureurs amateurs engagés sur le format XPS en solo (500m / 4km).