Arrivé un peu par hasard dans le monde du triathlon il y a huit ans, Pierre Le Corre (Montpellier), 26 ans, est aujourd’hui une valeur sûre de sa discipline. Son début de saison sur le circuit WTS a été des plus prometteurs avec quatre Top 6 accrochés dont notamment une superbe troisième place, début juillet, à Stockholm (Suède). De quoi laisser espérer plein de belles choses aux Jeux de Rio pour cet ancien nageur reconverti avec succès.
Pierre Le Corre peut remercier ses parents, chose qu’il a sûrement déjà faite depuis le temps. Car rien ne prédestinait au départ à ce que celui qui représentera la France le 18 août à Rio, avec Vincent Luis et Dorian Coninx, fasse une carrière à haut niveau. Son arrivée dans le microcosme du triathlon remonte à l’été 2008. Sans vraiment le vouloir. La suite, c’est l’intéressé lui-même qui la raconte : « je faisais de la natation et j’ai commencé à faire un peu de course à pied quand je suis parti aux Etats-Unis en 2007. J’y suis resté un an. Je crois que c’est mon père qui a, alors, envoyé un dossier à la fédération de triathlon avec mes chronos pour que j’entre au pôle France à mon retour. A ce moment-là, c’est un sport qui ne me faisait pas plus rêver que ça. Et je n’avais vraiment pas envie de m’entraîner pour ça. » Il faut dire que Pierre avait d’autres idées en tête à cette période de sa vie, comme celle d’aller poursuivre ses études… à Madrid (Espagne).
Finalement accepté à Montpellier à sa grande surprise, il s’est « laissé guider » comme il le dit lui-même dans un sport dont il ne connaissait même pas les noms des principaux cadors de la discipline. « Je me souviens avoir regardé la course des Jeux en 2008 avec Fred Belaubre. Avant ça, je n’avais jamais vu du triathlon. D’ailleurs, j’ai mis plusieurs années pour découvrir l’histoire de ce sport et apprendre tous les noms », raconte celui qui avait débarqué sur la pointe des pieds lors du championnat d’Europe junior en 2009, sa toute première sélection en Bleu. «C’était seulement mon troisième triathlon ! Je ne savais même pas encore comment rouler en peloton. D’ailleurs, j’ai ce souvenir d’avoir mis à la deuxième transition vingt secondes de plus que Jonathan Brownlee. J’avais fait toutes les erreurs possibles. J’étais notamment tombé. »
Que de chemin parcouru donc pour celui qui occupe actuellement le 4e rang mondial derrière un certain… Jonathan Brownlee. « Je me rends compte que j’ai toujours progressé depuis que j’ai commencé le triathlon, et de manière linéaire. » Classé 111e mondial en 2011, il a ensuite grimpé au 74e rang en 2012, puis 31e en 2013 avant de réussir l’an dernier à intégrer le gratin mondial avec une 10e place. Et les places d’honneur lors des grands championnats, Pierre ne s’en est pas contenté très rapidement. A son palmarès notamment : un titre de champion d’Europe U23, un titre de champion du monde U23, deux titres de champions de France et également deux podiums en WTS (Auckland en 2015 et Stockholm en 2016). « Au quotidien, je me dis que chaque triathlon est super important et qu’une carrière peut parfois se jouer à une course près », confie le protégé de Tony Moulai depuis l’an dernier.
Sa superbe régularité depuis deux saisons sur le circuit international (7 fois dans le top 10 en WTS) a logiquement convaincu le sélectionneur national de l’emmener aux Jeux de Rio. « Un rêve d’enfant », selon Pierre qui n’a pourtant jamais fait, selon ses dires, de cette qualification olympique une obsession durant ces quatre ans. « Mon objectif, ça n’a jamais été d’être sélectionné mais plutôt d’essayer de tout mettre en place pour être le plus performant possible afin d’être compétitif au top niveau mondial. » A 26 ans, Pierre connait bien aujourd’hui ses forces et ses limites. « Aux JO, il faut toujours croire en ses chances mais ne pas rêver, rester lucide et objectif sur ses capacités », confie celui qui a toujours su avancer dans sa carrière avec la tête froide et les pieds bien sur terre.
Basile REGOLI
– découvrir le portrait de Vincent Luis (à lire ICI)
– découvrir le portrait de Cassandre Beaugrand (à lire ICI)
– découvrir le portrait d’Audrey Merle (à lire ICI)