Après une année 2013 difficile avec notamment un enchaînement de blessures et des résultats bien en-deçà de ses ambitions, Emmie Charayron (Sartrouville) a réussi ce week-end une entrée remarquée sur le circuit WTS. Elle y décroche une 14e place avec un joli 35’03 en course à pied. Un résultat qu’elle n’avait plus obtenu depuis trois ans maintenant. Entretien.
Cette 14e place pour ta rentrée sur le circuit WTS doit être, on l’imagine, une belle satisfaction ?
Je suis contente car il y a du positif. Je marque des points précieux pour le ranking WTS puisque je me retrouve désormais à la 25e place. Mon objectif était surtout de reprendre du plaisir à courir sur des courses très relevées. C’était également l’occasion de former une nouvelle équipe de France féminine avec Anne (Tabarant) et de découvrir pour la première fois ce pays qu’est l’Afrique du Sud.
La natation a été réduite de moitié (750m au lieu de 1 500m). Comment as-tu vécu cela ?
Ça a été une natation particulière avec une eau très froide. L’échauffement a été quasiment réduit à néant, or j’ai besoin de m’échauffer longtemps dans l’eau avant la course. Malgré cela, je suis restée bien concentrée. Je sors de l’eau à une dizaine de secondes du deuxième groupe, déterminée à l’idée de revenir dessus. Je ne me suis pas dit à un seul moment que la course était finie. On a bien roulé avec les filles qui étaient avec moi. Ça faisait plaisir de faire un vélo solide.
Tu sembles également avoir retrouvé de bonnes sensations en course à pied ?
J’ai eu un peu de mal à partir car je ne me sentais pas forcément bien à T2. J’ai réussi à me lâcher sur les deux derniers tours et courir à la même vitesse que les premières filles. J’avais besoin d’une course comme ça pour lever les incertitudes. Maintenant, c’est reparti.
Cette notion de ‘’plaisir’’ que tu évoques avait-elle disparu l’an passé ?
Après les Jeux olympiques, j’ai traversé une période difficile avec des blessures. Ça a été un peu un cercle infernal. Cette flamme, je l’avais toujours. Maintenant, quand on va sur des courses avec un niveau aussi élevé, il faut être très fort physiquement et dans la tête. J’ai eu besoin de prendre le temps pour reconstruire un projet personnel solide.
Quels sont tes objectifs cette saison ?
Je vais me concentrer sur le circuit WTS et essayer d’être constante dans mes résultats. Je vais participer à toutes les autres étapes, sauf celle de Yokohama (Japon). Normalement, sauf changement, je n’irai pas au championnat d’Europe cette année. Sur le plan national, la saison va débuter dans quelques semaines aux Sables d’Olonne (18 mai). Il y a toujours cette volonté avec le club de Sartrouville de construire une équipe forte pour monter en D1 l’an prochain.
L’année 2014 va marquer le début de la course aux dossards olympiques pour les Jeux de Rio. Y penses-tu déjà ?
Bien sûr, mais je ne me focalise pas dessus. C’est dans un coin de la tête mais il ne faut pas se mettre une pression trop importante. C’est dans deux ans donc il y a encore le temps, sachant que ça s’accélère très fort dans la dernière année.
Contrairement aux hommes, la densité de triathlètes française sur le circuit international semble faible en ce moment ?
Je pense qu’il y a des filles fortes qui arrivent comme Cassandre, Audrey, Léonie, Margot et d’autres que j’oublie sûrement. Elles sont jeunes mais ça peut aller très vite, d’autant qu’il y a une bonne émulation. C’est plutôt positif. Anne, par exemple, personne ne pensait qu’elle allait revenir il y a deux ans. Tout peut se passer…
Justement, Anne a disputé sa toute première WTS ce week-end (20e). Comment as-tu vécu cela à ses côtés ?
J’ai beaucoup aimé de pouvoir partager ce moment avec elle. Déjà, ça fait une force en plus pour l’équipe de France. Mais c’était aussi intéressant de pouvoir faire connaissance. J’ai pu en apprendre un peu plus sur son parcours et j’en suis ravie.
Recueilli par Basile Regoli