La pandémie de Covid-19 a provoqué une prise de conscience collective, nous poussant à réfléchir sur le sens que nous voulions donner à notre vie, mais aussi à adopter un mode de vie plus sain, à faire du sport et notamment du vélo ! Comment l’industrie du cycle a-t-elle réagi à ce nouvel afflux, de pratiquants, et où en est-on aujourd’hui ?
Par Matthieu Amielh
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Une année 2020 exceptionnelle pour l’industrie du cycle…
En ce qui concerne l’industrie du cycle, les effets de cette pandémie ont eu un impact significatif sur les marques et les distributeurs. La demande croissante de vélos a entraîné une augmentation des ventes, pour de nombreuses marques, mais également une difficulté à approvisionner un marché en sur-demande. 2020 a été une année exceptionnelle pour le marché du cycle français avec une vente de cycles et de pièces/accessoires atteignant 3 021 millions d’euros (+ 25 % par rapport à 2019). Les consommateurs sont allés chercher des vélos adaptés – ou pas – à leurs besoins, allant des vélos de ville aux vélos électriques (le stock limité imposant parfois l’achat). Avec les mesures de confinement à domicile, de nombreux cyclistes se sont aussi rués sur les home-trainers, qui ont rapidement été en rupture de stock.
⚡ …puis un marché en tension en 2021 ⚡
L’année 2021 a été très compliquée pour les fabricants asiatiques, marquée par la fermeture d’usines de fabrication de vélos en Asie, une saturation des outils de production une fois les ligne d’assemblage redémarrées, combinée à une hausse des matières premières (pétrole, gaz, caoutchouc,…) et du coût de transport (multiplication par 10 du fret maritime par containers). Il en a résulté une forte tension sur les produits fabriqués avec un allongement des délais sur les cadres, fourches, freins et transmissions. Certains vélos restaient ainsi plusieurs mois dans les entrepôts en attente d’expédition faute d’une selle ou d’un groupe manquants… En raison de la forte demande, de nombreux distributeurs ont connu des difficultés à maintenir des niveaux de stock adéquats, entraînant parfois des pénuries temporaires. « Certains modèles ont été impactés par les problèmes de production et de disponibilité de composants, expliquant des retards de livraisons à certains moments, mais aussi des succès importants comme nos gravel Crosshill, qui ont littéralement été pris d’assaut dès la fin des confinements, tout comme nos modèles route performance », témoigne Eléonore Brisard, responsable médias pour Lapierre.
Des stocks importants dans les magasins en 2022
Depuis 2022, de nombreux acteurs du cycle (distributeurs, grossistes, magasins) avaient augmenté leur précommandes de vélos et d’équipement (casque, chaussures, composants,…), tablant sur un marché orienté toujours à l’achat et aussi par peur de ne pas se faire livrer dans les temps ou dans les quantités souhaitées. Mais la demande du consommateur s’est stabilisée et les lignes de production asiatiques, parfois doublées et tournant de nouveau à plein régime, associées à des délais de livraison en baisse ont conduit les distributeurs et magasins à voir leur stock augmenter fortement. « Le principal problème actuel ne vient pas du stock des entreprises, mais de celui des magasins. Ces derniers disposent d’un stock important de matériel et n’ont pas la capacité de ré-approvisionner des produits. Cela a conduit à la nécessité de réviser la stratégie des commandes en souffrance pour 2024 », explique Erica Randi (Belgian Cycling Factory, entité possédant Ridley et Merckx, NDR). De nombreuses marques de cycle ont ainsi décalé le lancement de nouveautés et/ou ont baissé leurs prix en 2023 afin de favoriser en priorité le « sell-out ».
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