Adepte des épreuves à fort dénivelé, Cédric Jacquot s’est montré le plus rapide sur la 2e édition de l’AlpsMan, disputée hier au départ de Saint Jorioz, sur les rives du Lac d’Annecy. Par une journée très ensoleillée, le tenant du titre aura mis 12 heures 09 pour arriver en vainqueur au terme de cette épreuve extrême disputée sur format XXL (3,8/180/42).
C’est dans de toutes autres conditions que l’an dernier que s’est déroulée cette 2e édition de l’Alpsman. Organisé, en 2016, à l’automne, le changement de date effectué pour cette année aura été salvateur pour les concurrents, l’organisation et les accompagnateurs, qui auront tous pu s’exprimer, travailler ou suivre leurs athlètes dans les meilleures conditions. Rien a voir, donc, avec une première édition disputée sous la pluie, le froid, le vent, qui avait ajouté au « piquant » de cette épreuve appelée à suivre les traces de ces autres épreuves de triathlon extrême, telles que le Norseman, le Swissman ou le Celtman.
Hier, les 238 concurrents inscrits – dont une douzaine de féminines – ont embarqué à 4h30 sur la Libellule, le bateau affrété spécialement pour aller les déposer au milieu du lac d’Annecy, et les positionner sur la ligne de départ des 3,8km de natation. Un départ à la « Norseman » – cette épreuve mythique norvégienne, où les concurrents s’élancent de la gueule béante d’un ferry – mais tout de même moins spectaculaire…
Pas de « fausse route » cette année sur l’épreuve natation. Au lever du jour, Marcel Zamora, engagé en relais une semaine après avoir bataillé sur le VentouxMan, tenait magnifiquement son rôle d’ambassadeur en sortant premier de l’eau, en 52 minutes. Derrière lui, Sebastien Truchi, Gabin Mantulet et Thierry Balbec étaient les premiers athlètes individuels à s’extirper du lac d’Annecy.
Une mise en bouche qui annonçait 183 km de vélo ébouriffants de difficultés, avec pas moins de 5 cols au programme, 4300m D+, et un soleil de plomb sur les épaules des cyclistes.
Rapidement, une nouvelle hiérarchie s’établissait en tête de course. En haut du Semnoz (km29), première difficulté du parcours, Aurélien Blondeau et Gabin Mantulet passaient en tête, mais avec Cédric Jacquot, déjà en embuscade, à la 3e place. A mi-parcours (km90), au col des Prés (lors du 1er des deux passages passages), Cédric Jacquot avait fait son retard, et pris la tête, avec 3 minutes d’avance sur Aurélien Blondeau, et 8 minutes devant Gabin Mantulet.
Cédric Jacquota allait imposer son leadership sur sa partie forte, le vélo, pour poser en tête, après 6h24 d’efforts tout de même, et avec 30 minutes d’avance sur le Belge Niko Sijmens, ancien cycliste pro chez Cofidis, revenu très fort sur la partie cycliste.
Sur le marathon final, c’est presque une autre histoire, encore, qui allait s’écrire. Il faut dire que la topographie de cette ultime section pédestre avait de quoi bouleverser la hiérarchie. 42 km, dont 25 km au bord des rives du lac d’Annecy, à boucler avant 17h 30, pour avoir le droit d’accéder à la ligne d’arrivée au sommet du Semnoz, 17km et 1200 m de dénivelé plus haut….
Cédric Jacquot gérait magnifiquement son avance, pour terminer en vainqueur de cette édition, en 12h09. Derrière lui, le jeune Gabin Mantulet, pour son 2e triathlon XXL seulement, terminait à 38 minutes, et laissait entrevoir un beau potentiel sur la distance. Le podium était complété par Thierry Balbec, auteur d’une course très régulière lui aussi, tout au long de cette longue journée.
Cédric Jacquot se montrait plutôt satisfait de conserver sa couronne en Savoie : « Disons que cela lance parfaitement ma saison » expliquera l’homme tout de noir vêtu. « j’ai nagé 20 minutes plus vite que l’an dernier, ça m’a permis de prendre confiance. En vélo, je voulais faire la différence, sur mon point fort, mais au final, j’ai eu l’impression de ne pas être si dominateur que ça…. ».
Déjà auteur de Top 10 sur Embrun et Nice, Jacquot aura néanmoins fait montre d’une belle maîtrise sur le premier objectif de sa saison. « En général, en hiver, j’ai vraiment du mal à m’entraîner. J’aime la chaleur, le froid ce c’est pas pour moi. Alors je coupe pendant un certain temps. Et à un moment, je suis tellement en manque de sport, que je finis par reprendre l’entraînement » raconte ce chauffeur d’hommes d’affaire. « Mais avec mes trois enfants, je ne peux pas multiplier les déplacements sur les compétitions. Alors je cours très peu dans une saison, et je m’entraîne beaucoup pour être au rendez-vous. Je ne me fixe que deux objectifs cette année : cet Alpsman, et Embrun, où je voudrais viser le Top 5 ».
Chez les filles, l’Allemande du club du Salève, Verena EISENBARTH a fait mieux que sa 2e place de l’an dernier, en remportant l’épreuve, avec une 7e place au scratch, à 1h17 de Cédric Jacquot. La Française Lucie Croissant aura bien résisté et offert une belle opposition, notamment sur le parcours vélo, pour terminer finalement 2e fille, à plus d’une heure de Eisenbacht. Sans doute aura-t-il manqué un peu de fraîcheur à Lucie, qui revenait juste d’une étape de la coupe du monde de raid multisport (Raid Gallaecia).
Au final, 74 concurrents deviendront Top Finisher de cette édition (dont les deux premières filles). 94 autres d’entre eux n’auront pu accéder à la « cloche » avant 17h30, et termineront « Lake Finisher ». Une première étape avant de revenir conquérir le Semnoz l’an prochain ?
Luc Beurnaux
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