Il n’y aura guère eu de suspense sur l’épreuve féminine des Championnats du monde Ironman70.3 lancés ce matin à Nice, à 7 h00. Sans grande surprise, Daniela Ryf, qui domine outrageusement le Longue distance féminin depuis plusieurs années, avec notamment 4 titres Mondiaux sur Ironman, a décroché à mi-journée un 5e titre sur la distance inférieure, en 4h23:04. Son impressionnante série, sur cette distance, a été seulement interrompue en 2016, par la Britannique Holly Lawrence, 2e aujourd’hui. La Suissesse décroche donc son 9e titre mondial toutes distances confondues ! Avec un 10e titre dans cinq semaines à Kona sur la distance reine de l’Ironman ?
Les adversaires de Ryf auront bien montré quelques velléités lors du triptyque débutant par 1900m de natation dans une Méditerranée d’huile, et chaude (24°C). Lucy Charles (GBR), ancienne nageuse, était la première à se mettre en évidence, en sortant première de l’eau avec près de une minute d’avance sur un groupe de 13 poursuivantes, parmi lesquelles Daniela Ryf ou Holly Lawrence (GBR).
Le temps que la « machine » Ryf ne se mette en route, et l’échappée britannique était rapidement reprise après quelques kilomètres de vélo. Un groupe de sept athlètes se formait alors en tête de course, où Holly Lawrence avait l’air la plus « remuante ». Mais dans les premiers mètres de l’ascension du Col de Vence, principale difficulté du parcours avec ses 9km d’ascension et son pourcentage moyen de 6,6%, c’est la Néo-Zélandaise Melania Watkinson qui trompait son monde, en forçant le rythme, jusqu’au sommet culminant à plus de 900m d’altitude, pour prendre 30 secondes à Ryf.
Mais l’arrivée était encore loin, et c’est finalement dans la descente, technique, du Col de Vence, que la course allait se jouer, plutôt que dans son ascension. Lucy Charles, alors en 4e position à 50 secondes de la leader Neo-Zélandaise, devait d’abord s’arrêter à la Penalty Box pour purger 5 minutes de pénalité. Un obstacle qui la mettait définitivement hors course pour la gagne. Le suspense en prenait un coup, d’autant que Ryf, sans forcer son talent plus que de mesure, revenait sur Watkinson (NZL), la déposait, et filait vers la 2e transition.
A près de 36 km/h de moyenne, Ryf posait son vélo en tête avec 2’30 sur Holly Lawrence et sur sa compatriote Imogen Simmonds, 6e des Mondiaux 2018. Personne ne reverra plus Ryf, auteure d’un ultime semi marathon en 1h18 :37 (3’44 au kilomètre), qui la portera vers son 5e titre mondial. Holly Lawrence terminait à la seconde place (4h27 :02), à 4 minutes de Ryf, après un effort total, comme elle le rappellera sur la ligne d’arrivée. En troisième position, Imogen Simmonds (SUI), 26 ans, qui continue sa progression au fil des ans, après avoir fait ses preuves chez les groupes d’âges (championne du monde des 18-24 en 2016 sur Ironman 70.3). La Suissesse, d’origine britannique et née à Hong Kong, termine à moins d’une minute de Lawrence (4h28 :10), et devant la « fusée » du jour, l’Américaine Chelsea Sodaro (4h31 :07, et 1h17 :56 au semi).
Côte français, les couleurs tricolores étaient défendues par Manon Genêt et Jeanne Collonge, chez les pros. La première, vainqueur l’an dernier sur ce parcours, sortait de l’eau à 4 minutes des leaders, avant d’effecteur un beau rapproché en vélo, pour poser sa monture en 8e position (5e temps sur ce segment). A pied, Manon livrera une belle bataille avec Radka Vodickova (RTC). Celle-ci remportera la décision dans ce duel, et Manon Genêt terminera à la 8e place, en 4h34 :14 (contre 04h46:29 lors de sa victoire l’an dernier). 3e l’an dernier, Jeanne Collonge termine aujourd’hui à la 18e place (4h47 :50), et poursuit son retour progressif au plus haut niveau de la compétition, après une grossesse.
Les groupes d’âges tricolores se seront montrées elle-aussi en évidence, avec la victoire au « scratch » des groupes d’âges de Johanna Daumas – ancienne championne de France Longue distance en 2006 – en 4h51. Chez les 18-24 ans, J. Lemmolo termine 2e, Charlène Clavel (vainqueur de l’Ironman 70.3 Sables d’Olonne 2019) l’emporte chez les 25-29 ans devant Alexia Bailly, Morgane Riou termine 3e des 30-34 ans, Anne Tabarant termine 3e des 35-39 ans, tout comme Linda Guinoiseau chez les 45-49 ans. Catherine Houseaux l’emporte chez les 55-60 ans, et Nelly Wojtasinski termine 2e chez les 60-65 ans, derrière l’ancienne pro Jenny Alcorn.
Luc Beurnaux – Photos Getty Images