Les deux hommes forts de la « saison » 2021, le Norvégien Kristian Blummenfelt et le Britannique Alex Yee ont répondu présent au Rendez-vous de Tokyo en devenant respectivement champion olympique 2021 et vice-champion olympique, devant Hayden Wilde (NZ), 3e hier et lors du Test Event de 2019. Principale victime d’une course d’attente où aucun écart ne s’est fait en natation ou en vélo, Vincent Luis, meilleur tricolore, prend la 13ème place, Dorian Coninx est 17ème et Léo Bergère 21ème.

La course olympique masculine a débuté par un cafouillage de l’organisation, avec un faux départ causé par un bateau mal placé, qui obstruait la ligne des athlètes placés sur la gauche du ponton, et qui n’ont pas pu s’élancer lors du premier coup de feu. Les trois Français – placés sur la droite du ponton – plongaient, mais étaient rappelés sur le ponton avec la moitié du peloton de 55 athlètes. Pas simple de se remobiliser, et le 2ème effort s’annonce plus compliqué pour Vincent Luis qui doit s’employer dans une eau à 28°C, pour parvenir à revenir sur la tête de course, au contact avec Diego Moya (Chili) et Dmitry Polyanskiy (Russie). Le Français sort en tête de l’eau après avoir tenté d’étirer le peloton dans l’eau, en vain, avec Jonas Schomburg (Allemagne) et Henri Schoeman (Afrique du Sud). Léo Bergère et Dorian Coninx émergent 20 secondes plus tard mais parviennent très vite à recoller le groupe de tête à vélo.

Vincent Luis 1er à la sortie de l’eau

Sous une chaleur moite avoisinant les 30 degrés et 70 % d’humidité, un groupe de 10 se détache légèrement à l’issue de la natation, avec Vincent Luis, Jonathan Bronwlee, Henri Schoeman, l’Allemand Schomburg, le Belge Van Riel. Les 3 Norvégiens, ainsi que Alex Yee sont alors pointés à une vingtaine de secondes, avec les deux autres Français. Le trio espagnol Alarza-Gomez-Mola est dans un 3e groupe à une quarantaine de secondes.

Après avoir tenté d’appuyer ses relais pour créer une différence, mais ne trouvant guère d’appuis dans le groupe, Vincent Luis rentre peu à peu dans le rang, sans doute pour s’économiser. Derrière, le Norvégien Carsten Stornes ramène peu à peu ses équipiers, et la jonction des deux groupes se fait dans le 4e des 8 tours. Dès lors, on va assister à une course d’attente, où tous les leaders vont se cacher dans l’épais peloton, attendant l’issue finale sur la course à pied. Un rythme de sénateur se met en place sur le circuit vélo et ses nombreuses relances. Des bons de sorties sont accordés au Luxembourgeois Zachaus, puis au Suisse Salvisberg dans les derniers tours, ces athlètes ne représentant aucun danger pour les favoris.

Coninx en tpête du groupe à pied

Salvisberg dépose le premier son vélo, et c’est désormais une course à pied à élimination à laquelle on va assister. Alex Yee va prendre les choses en main d’emblée, au sein d’un groupe d’une dizaine d’unités, où les trois Français vont figurer, mais brièvement. Seul Dorian Coninx semble un temps être en mesure de tenir tête à Yee, passant même en tête du groupe. Mais il ne peut résister aux coups de boutoirs de Lee, Blummenfelt et Wilde, les trois plus frais et rapides sous le ciel nippon. Vincent Luis décroche au fil des minutes, en compagnie du vainqueur du test event 2019, le Canadien Tyler Mislawschuk.

Dans le dernier kilomètre, le « buffle « Blummenfelt poste l’estocade finale à laquelle ni Yee ni Wilde ne peuvent répondre. Blummenfelt s’impose en 1h45:04 et devient le premier Norvégien champion olympique de triathlon, devant Alex Yee à 11 secondes, qui perpétue la tradition britannique sur un podium olympique et prend le relais des frères Brownlee, et Hayden Wilde (3e). Une nouvelle fois, les JO tournent au fiasco pour les Français. Vincent Luis arrive 1’20’’ après le nouveau champion olympique pour une 13ème place. Dorian Coninx finit 16ème à 1’44’’ et Léo Bergère 21ème à 2’16’’.

Photos Wagner Araujo et Tommy Zaferes

Les résultats complets :

https://www.triathlon.org/results/result/2020_tokyo_olympic_games/501764

Les réactions officielles (source FFTRI) :

Vincent Luis – 13ème : « Je suis forcément déçu. Je suis arrivé avec de l’ambition, j’ai joué mes cartes mais c’était compliqué. J’ai mis beaucoup de temps à me retrouver à l’avant de la course sur la natation. Je pensais faire la différence plus tôt, ce n’était pas une bonne journée dès le début. Je sentais bien que je n’étais pas au niveau pour faire une médaille olympique depuis quelques semaines même si j’ai fait une très bonne préparation. Je ne suis pas sûr que le niveau que j’avais l’année dernière aurait été suffisant, c’était une course dure et intense. Les Norvégiens ont bien joué tactiquement derrière nous, on a fait ce qu’on pouvait devant. Il y avait une date où il fallait être prêt et je ne l’étais pas. Je me suis blessé en juin, une déchirure au mollet qui m’a empêché de courir à Leeds, je n’ai couru qu’à Yokohama où j’étais fatigué. Je manquais de jus ici par manque de course et d’affutage. J’ai accumulé du retard, 10% de moins dans mon état de forme que j’ai payé cash. 13ème ce n’est pas terrible, j’ai essayé de faire de mon mieux et voilà le résultat. Je n’ai pas trop senti la chaleur à part à pied, la température est montée vite. Il m’a manqué de la fraîcheur tout du long. J’ai senti dès le début de la course à pied que je ne pouvais pas jouer la médaille. C’est dommage, il manquait peut-être un peu de participants à vélo pour animer la course. Les 3 médaillés ont été très forts, ça n’enlève rien à leur performance. Paris 2024 c’est dans 3 ans, ça va très vite, on aura peut-être un nouveau format et je suis déjà reconcentré pour enchaîner avec les prochaines courses. En tant que double champion du monde j’ai moins de regret à manquer mes courses même si cette médaille olympique m’échappe toujours, j’espère y remédier samedi lors du relais mixte. »

Dorian Coninx – 17ème : « Je commence mal la course en faisant une mauvaise natation, j’ai ensuite voulu rester placé à vélo. Je savais que Vincent était devant et suis resté concentré sur mon allure. La course à pied état difficile au début et j’ai fini par me sentir de mieux en mieux. Je me suis dit que j’étais sur un bon jour, j’ai tenu le rythme, j’ai réussi à passer devant, je suis content car j’ai tout essayé et que ça se passait plutôt bien. Puis j’ai commencé à sauter mais j’ai fait de mon mieux. Je connaissais les conditions, je m’y suis préparé mais je n’ai pas tenu. Je n’ai aucun regret et il reste encore le relais mixte pour faire mieux ! » 

Benjamin MAZE – Directeur Technique National :  » On sait que la course des Jeux Olympiques est une course pleine d’opportunité et de surprises. Le faux départ en a fait partie aujourd’hui. Les Français ont quand même vite su se remettre dans la course avec une gestion prudente et une cassure à la transition. Malheureusement à vélo un énorme paquet s’est vite formé avec presque tous les favoris devant. Puis à pied on voit bien l’impact des efforts menés depuis la natation et les conditions de chaleur compliquées. L’ensemble des triathlètes a sans doute eu tellement peur de ces conditions climatiques que l’on a vu des stratégies de certains assez prudentes pour éviter de laisser trop d’énergie sur le début de course et en garder pour la fin. Ça a plutôt souri aux personnes qui étaient en attente comme Alex Yee qui est resté plus en attente dans le second groupe à vélo. C’était un scénario un peu désorganisé à cause des impacts à la fois psychologique et physiologique de ces conditions de chaleur mais aussi très certainement par l’enjeu olympique. Vincent a fait le choix de partir à son propre rythme en course à pied ce qui était intelligent. On pouvait avoir beaucoup d’ambitions sur cette course, c’est une désillusion mais les Français ont été battus par plus fort qu’eux aujourd’hui. Maintenant place demain à la course des filles et samedi matin nous avons un rendez vous avec l’histoire avec le triathlon relais mixte qui fait son entrée aux JO.  » 

Cédric Gosse –  Président de la Fédération Française de Triathlon  :  » Ce fut une course avec un scénario redouté ! Un regroupement à la fin du vélo où nous savions que de redoutables coureurs à pied allaient faire mal. Et ce fut le cas ! Le résultat est pour notre équipe de France évidemment décevant. La course des jeux reste une course très particulière. Sur la base des derniers résultats internationaux le résultat pour le podium est conforme. Pourtant les choses avaient bien commencé. Une animation de la partie natation par Vincent et un petit groupe vélo qui se détache. Mais le temps de l’analyse viendra après. Là il faut nous reconcentrer, soutenir nos athlètes pour la course des filles et le relais. Restons mobilisé, positif derrière notre équipe de France. »

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