Cristian Bustos a fait rayonner le triathlon chilien dans les années 90. Barbara Riveros a pris son relais dans les années 2000. Après 4 Jeux Olympiques, (dont une 5e place à Rio), la petite Chilienne vise désormais Hawaii. Vainqueur à l’Alpe d’Huez il y a quelques semaines, elle s’attaque ce lundi au mythe de l’Embrunman, comme une étape dans sa progression sur Longue distance. Nous l’avons rencontrée avant le départ, donné demain au plan d’eau d’Embrun.
Recueilli par Luc Beurnaux
Barbara, pourquoi avoir choisi l’EmbrunMan dans ta saison 2022 ?
Disons que c’est mon coach qui a choisi, pas moi (rires). C’est marrant parce que je connaissais Embrun pour être venue faire des étapes du Grand Prix ici il y a quelques années, en 2015-2016. Et deux jours après, il y avait l’EmbrunMan. En voyant ça, je me suis dit que c’était peu fou, de faire un ironman sur un parcours aussi difficile… Mais aujourd’hui, je me dit que c’est un beau challenge, que je peux apprendre beaucoup sur moi, sur la distance…. A ce jour je n’ai fait que un seul distance Ironman dans ma vie (2e à Busselton en 2018 ndr). Je vais prendre cette course comme une longue journée d’entraînement !
Comment s’est passé ta transition du Distance olympique vers le Longue distance ?
Après les JO de Rio, Brett Sutton, mon entraîneur, a vu du potentiel en moi pour le Longue Distance. J’avais fini mon cycle olympique à Rio, après mes 4e JO. Il m’a poussé à être compétitive sur LD. Et comme je n’aime pas la médiocrité, je n’ai pas voulu courir plusieurs lièvres à la fois, sur CD et LD. Donc désormais, c’est tout pour le longue distance. Mon but, à terme, c’est Kona dans quelques années, mais ça va prendre quelques années avant de pouvoir tirer mon épingle du jeu là-bas ! Ca risque de prendre du temps, je prends étape par étape…
Qu’est-ce qui a demandé le plus d’adaptation en passant du Court au Long ?
Le côté nutrition était une grosse interrogation pour moi sur cette nouvelle distance. C’est ce qui m’effrayait le plus. Il faut savoir être très discipliné, notamment sur le vélo, pour ne pas oublier de s’alimenter, s’hydrater. C’est un des points clés du Longue distance auquel il a fallu que je m’adapte. Ca s’est parfois mal passé, comme sur mon 2e Ironman 70.3, où j’avais trop donné à vélo, en oubliant de m’alimenter, et où à pied, j’ai vomi, etc…
Comment abordes-tu cet EmbrunMan ?
Déjà, nager dans la nuit, ça m’inquiète un peu… ça doit être bizarre comme sensation. Je vais essayer de ne pas me perdre ! Et le but sera ensuite d’être en contrôle le plus possible, pour essayer de finir le plus fort possible. Il faudra éviter d’arriver trop tôt dans la zone rouge, savoir aller le plus loin possible, mais sans se centrer sur les autres. Il faudra tout faire pour avoir le plus d’énergie pour la course à pied, qui est mon point fort. Et être forte mentalement, pour surpasser les douleurs…
As-tu jeté un coup d’œil sur la start- list ?
Non je ne le fais jamais trop. Je sais juste que Jeanne (Collonge) est là. Elle a déjà gagné ici, elle connait super bien la course. Ca va être intéressant de se mesurer à elle. On va voir si elle me lâche à vélo, ou si j’arrive à la suivre, mais de toute façon, il faudra rester concentré sur ma course avant tout !
Joues-tu le rôle d’ambassadrice du triathlon au Chili ?
On peut dire ça comme ça… Cristian Bustos était le vrai ambassadeur du triathlon. La discipline a grandi grâce à lui. Il a emmené le Chili à travers le monde avec lui. C’était le pionnier, le porte-parole du triathlon au Chili. Côté courte distance, c’était plus compliqué. Les athlètes sont très peu aidés. J’ai essayé de faire de mon mieux pour promouvoir mon pays. Ce qui m’importe, c’est de porter les bonnes valeurs auprès des nouvelles générations, et pas le superficiel : le travail, l’éthique, la persévérance. Tu peux perdre 6 fois, si tu gagnes 6 fois après, c’est ça l’important. Aujourd’hui , on a tendance à tout vouloir tout de suite, mais ça ne marche pas comme ça, notamment dans le sport. Et il faut faire comprendre ça aux jeunes générations…
Comment s’est faite ta rencontre avec le club de Val de Gray ?
Ca date d’une douzaine d’années. En fait, j’avais couru – et gagné – le Grand Prix de Nice en 2009 ou 2010, avec le team de Montpellier. Et là, j’ai rencontré ce team, qui est devenu une grande famille depuis, à qui je suis restée fidèle. Son président, Stephane Catalot, est un vrai passionné. J’essaie de leur rendre tout ce qu’ils me donnent. Et je ne fais pas ça pour l’argent. Et je suis aussi très reconnaissante vis-à-vis de la FFTRI pour l’existence de ce Grand Prix. C’est une super opportunité pour les triathlètes internationaux de s’exprimer, et pour préparer les World Series, etc… Je leur dis vraiment « merci »