Il est l’un des triathlètes de l’équipe de France particulièrement en forme en ce début de saison. Lors de ses trois sorties sur le circuit WTS, Pierre Le Corre (Montpellier) a réussi, à chaque fois, à terminer dans le Top 8. Son plus beau coup reste d’ailleurs sa médaille de bronze obtenue sur la manche d’Auckland fin mars. De retour dans l’Hexagone depuis quelques semaines après six mois d’entraînement en Australie, l’actuel n° 7 mondial va désormais se préparer pour le Test Olympique à Rio de Janeiro (Brésil), le 2 août prochain. Entretien.
Tous les voyants semblent au vert sur ce début de saison ?
« Oui, je suis content de ces résultats car je m’étais bien préparé. J’ai fait le « métier » pendant ces six mois en Australie en mettant beaucoup d’investissement personnel. C’est bien que ça paye, surtout par rapport à l’an passé où j’ai eu une saison difficile.
Cela a-t-il été une surprise pour toi de te retrouver sur le podium d’une manche WTS ?
Je ne m’y attendais pas vraiment, surtout que c’est sur ma première course où je suis monté sur le podium. Je ne savais pas trop où j’en étais. J’étais un peu ne manque de repères car mon entraînement était un peu différent qu’en France à cause de l’humidité. Dès que je faisais des séances en course à pied, je n’étais pas bien. Le coach me disait pourtant que j’étais costaud mais je n’en étais pas vraiment convaincu. La première course m’a permis finalement de me situer.
On peut dire que c’était un choix osé de ta part d’aller passer six mois en Australie ?
Je pense effectivement que c’était un choix osé. Mais j’aime ça l’idée de partir à l’étranger et de pouvoir découvrir une autre culture. J’ai laissé le choix à ma copine de la destination car elle avait ces six mois de fin d’études à faire à l’étranger. C’était donc un peu la surprise. Quand elle a choisi l’Australie, on avait tout programmé pour aller s’entraîner à Noosa. Là où sont tous les triathlètes spécialisés sur longue distance comme Jan Frodeno. Mais, au dernier moment, ma copine a appris qu’elle devait finalement aller à Brisbane. On a su ça seulement une semaine avant de partir. J’ai donc envoyé des mails à un coach présent sur place qui m’a tout de suite dit oui. Je pense que le fait d’être déjà sur le circuit mondial a facilité les choses. Je me suis donc entraîné avec le groupe d’Emma Jackson, Dan Wilson et plein de jeunes assez costauds. L’an passé, ils étaient sept qualifiés au championnat du monde entre les juniors, les espoirs et les élites.
Comment vas s’articuler la suite de ta saison ?
Je fais l’impasse sur l’étape de Londres (31 mai). Ça a été un choix difficile mais c’est stratégique. Je pourrai jouer le Top 8 au championnat du monde car il y a la place pour y être cette année. Maintenant, terminer sixième, huitième ou douzième mondial, ça ne change pas grand chose en soi. Ce n’est pas un titre au palmarès. Je préfère donc me focaliser cette saison sur certains objectifs définis qui vont m’aider à passer un cap en vue des Jeux de Rio l’an prochain. Je vais donc désormais me préparer pour le Test Event de Rio début août.
Avec, on imagine, l’objectif d’arriver à remplir un critère de sélection pour les Jeux olympiques en 2016 ?
Il n’y a pas le choix si je veux pouvoir être qualifié aux Jeux dès cette année. C’est mieux de préparer les JO durant un an, plutôt que de devoir se battre jusqu’au bout pour avoir sa place seulement quatre mois avant. Maintenant, on verra bien comment se passe la course.
Dans quel(s) domaine(s) penses-tu devoir encore progresser ?
Il faudrait que je repasse un cap partout pour être encore plus complet. Après, je pense qu’il y a des secondes à aller chercher en course à pied. Je veux arriver à faire ce que font les Brownlee ou Gomez à l’entraînement au niveau de l’intensité et du nombre d’heures. Là, j’en suis loin. J’ai encore des marges de progression au niveau de l’entraînement. Maintenant, il ne faut pas y aller trop rapidement. Les Jeux de Rio, c’est dans quatorze mois. C’est dans un coin de la tête mais j’essaye surtout de me recentrer sur l’instant présent.
Le défi pour aller aux JO, c’est surtout d’arriver à être parmi les deux ou trois meilleurs français quand on voit la densité actuelle ?
Tant mieux pour nous, c’est une force d’avoir plein de gars performants. Ça met une pression permanente qui nous obligent à devoir être à fond tout le temps. Je pense que c’est ce qui va nous amener, les français, à arriver à aller grattouiller les gars qui sont devant. Après, physiologiquement, les Brownlee et Gomez ont un avantage considérable. Est-ce que l’on va réussir à inverser la tendance ? On sait que ça va être difficile car ce sont tous les trois des extraterrestres, mais je pense que l’on peut arriver à les battre. »
Recueilli par Basile Regoli, à l’INSEP