Franck Mathieu est un homme heureux. En terminant à la 103e place (15h49’39’’) du Norseman Xtreme Triathlon (Norvège) samedi dernier, pour ce qui était seulement son 4e Ironman, ce directeur commercial de 41 ans a réalisé son rêve. Celui de venir à bout d’un des Ironman les plus durs au monde et de repartir en France avec le tant convoité tee-shirt noir de finisher. Entretien avec ce sociétaire du Triathlon Alsace Club de Colmar (TACC) qui a pu compter sur l’aide et le soutien de sa femme Isabelle et de ses amis Patrice et Anne-Marie durant toute cette aventure.
Comment est venue l’idée de participer au Norseman ?
J’avais vu des vidéos sur You Tube et également le reportage de Canal + l’an dernier. Quand on voit les émotions que cette course procure, on a envie d’y participer également. J’ai échangé avec quelques personnes qui y ont participé et ça a fini par me convaincre de m’y inscrire. J’ai eu la bonne surprise surtout d’être tout de suite pris, parmi 2 500 demandes venues du monde entier.
Comment prépare-t-on un tel rendez-vous ?
Il m’a fallu environ trois ou quatre mois pour trouver des sponsors pour me suivre et préparer toute l’organisation (voyage, hôtel…). D’autant que c’est un triathlon où l’on est en autonomie complète. L’enveloppe financière avoisine les 3 000 euros mais c’est largement récompensé par la beauté des paysages.
Comment s’est donc passé ce triathlon ?
On a attendu dix minutes dans l’eau que tout le monde soit en place. Comme il y avait du vent, on a eu le droit à pas mal de vagues. Mais la natation s’est globalement bien passée. Je m’étais fixé entre 1h15’ et 1h20’, et j’ai mis 1h17’ en sortant de l’eau totalement lucide et pas fatigué. En vélo, à partir du 20e km, on s’est retrouvé sous la pluie, la grêle et un très fort vent de face. On a vite l’impression de reculer. Au 70e km, j’ai fait une hypo. J’ai dû m’arrêter pour me changer et essayer de manger. A ce moment-là , son équipe est un vrai support. Seul, on peut très vite craquer. Je sors de T2 à la 150e place, dans le coup donc pour monter au sommet. J’ai doublé 50 concurrents dans le premier semi (1h42’). J’étais bien. Du 25e au 37e km, ma compagne m’a accompagné avant de terminer par cinq kilomètres d’escalade dans les rochers pour arriver au bout. On a eu la bonne surprise d’apprendre que le téléphérique pour redescendre du Gaustatoppen était tombé en panne. On a mis alors pratiquement deux heures pour faire cinq kilomètres, à la frontale !
Que ressent-on lorsque l’on arrive au sommet du Gaustatoppen ?
C’est l’aboutissement de mois et d’heures d’effort. On s’entraîne tous sept ou huit mois que pour ça. J’arrive à imaginer la détresse des personnes qui n’arrivent pas au bout. Pour moi, ce fut une vraie satisfaction. Le Norseman n’a rien à voir avec tous les autres Ironman, c’est une course vraiment à part. C’est la seule course où je n’ai pas regardé ma montre du début à la fin. On est cent fois plus à l’écoute de son corps que sur un Ironman normal.
Une quinzaine de français ont participé au Norseman. Comment était l’ambiance entre vous ?
Dès que j’ai eu connaissance de la start-list en début d’année, j’en ai contacté quelques-uns sur facebook pour échanger sur notre préparation. Au fil des mois, on s’est lié d’amitié avant de véritablement se rencontrer en Norvège. On s’est retrouvé tous ensemble pour la cérémonie du tee-shirt et on a pris une photo avec tous les français. Un peu tous les pays font ça et c’était vraiment sympa. On est fier de représenter la France.
Maintenant que vous êtes venus à bout du Norseman, quels autres défis vous donnent envie ?
Pourquoi ne pas faire le Swissman et le Celtman pour continuer dans le même style… Et peut-être des courses comme Embrun. Mais ça ne sera pas un Ironman tout plat, ça risquerait d’être insipide.
Propos recueillis par Basile Regoli