Dans des conditions météo idéales, le Néerlandais Niek Heldoorn et la Chilienne Barbara Riveros ont inscrit leurs noms au palmarès de l’EmbrunMan 2022. Le premier est devenu l’un des plus jeunes vainqueurs de l’épreuve, et la seconde a établi un nouveau record du parcours, en 10h39:28.
Après la journée orageuse d’hier, le ciel était redevenu clément ce matin pour le départ de la 38e édition de l’EmbrunMan. 10°C dans l’air à 5h50 pour le départ de la soixantaine d’athlètes féminines et à 6h pour les quelques 900 hommes, une eau aux alentours des 23°C, un lac d’Embrun plat, tout était réuni pour vivre une riche édition 2022, après une annulation en 2020 (Covid) et un huis clos en 2021.
De rebondissements, il n’y eut finalement guère sur cette épreuve mythique au format Ironman (3,8/188/42,195) et si exigeante et vallonnée qu’on aurait eu du mal à imaginer que les trios sortant en tête de l’eau, tant chez les hommes que chez les femmes, seraient finalement ceux qu’on retrouverait sur le podium final. C’est pourtant ce qu’il s’est passé sur cette édition 2022.
Parties en premières dans l’obscurité derrière un kayak à gyrophare, les filles étaient aussi les premières à sortir de l’eau. On retrouvait Barbara Riveros, Justine Mathieux, Mathilde Serodon, et Jeanne Collonge à 3 minutes de la Chilienne. Les premiers kilomètres de vélo voyaient la petite Chilienne confirmer son hégémonie sur deux roues. Développant un braquet impressionnant sur sa monture, l’élève de Brett Sutton s’échappait inexorablement, résistant au retour de l’expérimentée Jeanne Collonge, double vainqueur dans les Hautes-Alpes, et de Justine Mathieux. Elle avalait avec entrain les principales difficultés du parcours, tels que col d’Izoard, côte de Pallon, côte de Chalvet, puis filait dans des conditions idéales, sans vent de face sur la fin de parcours notamment, pour poser le vélo en tête, après 6h29 :35 de partie de manivelles, avec 5’30 d’avance sur Collonge et plus de 15 sur Justine Mathieux.
Riveros impressionnante de puissance
Excellente coureuse à pied, Riveros attaquait seulement le 2e marathon de sa carrière de néo-triathlète Longue distance avec prudence. Sa foulée restait légère et fluide au fil des kilomètres et l’écart grandissait légèrement avec Jeanne Collonge. Cette dernière, après sa course difficile à l’Alpe d’Huez, semblait avoir retrouvé son allant et sa foulée. Pas assez néanmoins pour reprendre la Chilienne, qui s’imposait en 10h39, effaçant des tablettes le record détenu par Carrie Lester. La Chilienne venait de réussir complètement la « course la plus difficile de sa vie ». Et s’imposait pour la 2e fois à Embrun, après une victoire sur Grand Prix en 2014.
Justine Mathieux, elle, parvenait à reprendre Jeanne Collonge, victime de crampes, dans les derniers kilomètres, pour lui ravir la 2e place.
Niek Heldoorn se fait un prénom
La course hommes a pour sa part consacré le plus jeune vainqueur de l’épreuve. Et peut-être le plus inattendu. Niek Heldoorn, 23 ans, avait jusque-là connu une carrière honnête sur courte distance, sans réussir néanmoins à jouer les premiers rôles au niveau international. Il courait seulement le 2e Longue distance de sa jeune carrière, après les Mondiaux d’Almere, l’an dernier, qu’il terminait à la 16e place. Mais son patronyme était déjà connu des Embrunais, puisque son père Frank avait terminé 5e, ici, il y a 20 ans tout juste, mais aussi remporté par deux fois l’Ironman Lanzarote, et fini trois fois dans le top 10 à Hawaii.
Sorti premier de l’eau, le jeune Hollandais allait pointer en tête à tous les check points de la course, sans connaître la moindre défaillance. Une course incroyable de régularité, qui le surprit lui-même. Il remporte cette épreuve en 9h30, avec à 40 secondes une autre surprise, l’Américain Kennett Peterson. Ancien cycliste, l’athlète de Boulder s’est mis au triathlon en 2015, et terminera 2e de l’Ironman Boulder 2019, avec un marathon couru en 2h54, à 1000m d’altitude. Ce qui laissait présager une belle confrontation pédestre avec Heldoorn. Victime de vomissements en début de marathon, il aura néanmoins manqué quelques « cartouches » à l’Américain pour revenir définitivement sur le Néerlandais. Andrej Vistica, lui, goûtait une nouvelle fois aux joies d’un podium embrunais, grimpant sur la 3e marche cette fois-ci. « Cela fait à peu près 10 ans que j’essaie de progresser en natation » rigolait le Croate sur la ligne d’arrivée, « et je crois qu’on a vu mes progrès sur cette édition » poursuivait Vistica. « En vélo, j’ai tâché de ne pas trop donner, comptant revenir sur le marathon, mais j’aurai été trop juste cette fois » terminera le Croate qui aura tout de même repris près de 3’30 sur les 14 derniers kilomètres sur Peterson, pour échouer à 2’15 minutes de lui. Et s’offrir un 6e podium à Embrun.
Si la France avait remporté les deux dernières éditions, par l’intermédiaire de William Mennesson en 2019 et Léon Chevalier en 2021, ses représentants masculins ont du se contenter cette année des accessits. Après l’abandon prématuré de Mennesson, l’absence de Etienne Diemunsch (Covid), c’est Félix Pouilly qui a le mieux tiré son épingle du jeu, au fil d’une remontée entamée en vélo. 4e l’an dernier, le Nordiste termine 5e et premier Français en 2022, en 9h46, derrière le Suisse Thomas Huwiler. Il devance de 9 secondes Thomas Navarro 6e, et de 9 minutes Kevin Rundstadler, 7e.
Par Luc Beurnaux – Photos WestCoo