Il est de l’époque des pionniers. Il a ferraillé avec Mark Allen, Dave Scott, Scott Molina, Scott Tinley, Yves Cordier ou Rob Barel. Ancien nageur de haut niveau devenu triathlète, le Néo-Zélandais Rick Wells s’est notamment imposé en France, à Nice, en 1987 et s’est envolé faire Hawaii l’année d’après, sans parvenir à terminer le marathon. Dommage ! Depuis, il a rasé non seulement sa moustache, mais également son crâne. Quand on l’a contacté, Rick a commencé par nous répondre très humblement qu’il ne s’occupait plus du tout de triathlon. Qu’il conservait seulement un oeil distrait sur ce qui passe dans ce sport. Devenu entraîneur de natation pour les groupes d’âge en mal d’Ironman dans une piscine olympique de son quartier d’Auckland, sa vie se divise aujourd’hui principalement entre son métier de banquier, sa fiancée Lyn, et ses trois enfants Harrison, Amelia et Sophie. Et un peu de surf lifesaving aussi. Explications !

Propos recueillis par Gaël Couturier

TriMag : Commençons par la question la plus d’actualité qui soit : le COVID-19. Comment la situation a été gérée chez vous, en Nouvelle-Zélande, et comment se portent les athlètes dont vous vous occupez ? Ce n’est pas simple de subir l’annulation de la plupart des courses et de ne plus avoir d’objectif de compétition quand on est triathlète, non ? 

Rick Wells : Oui bien sûr, c’est juste mais je sens que la situation, d’une manière générale, a été bien gérée ici en Nouvelle-Zélande. Prendre le temps de s’interroger sur ce qui se passe, éventuellement faire son introspection, c’est tout aussi important, et c’est une trop belle occasion pour la laisser passer. Je ne dis pas que c’est facile. Bien sûr, ici comme ailleurs, les choses auraient dû être contrôlées différemment. D’une manière générale, je pense que nous devons apprendre à vivre avec cette pandémie et protéger les plus vulnérables d’entre nous. J’ai bien peur que l’éradication du virus soit quasiment impossible.

TriMag : Et où en êtes-vous de votre programme de développement du triathlon pour les enfants qui s’appelle TriKids ? Plus généralement, pouvez-vous nous parler de l’évolution du triathlon dans votre pays, tant chez les amateurs que chez les pros ? 

Rick Wells : Le programme pour les enfants que j’avais créé s’est malheureusement arrêté. Nous n’avions pas le soutien du gouvernement néo-zélandais et ça nous a beaucoup déçus, d’autant qu’on réussissait à faire découvrir ce sport à 20 000 enfants de 5 à 12 ans chaque année. Le but était ambitieux : faire que tous les enfants de moins de 12 ans en Nouvelle-Zélande aient fait du triathlon au moins une fois dans leur vie. On ne voulait pas en faire des athlètes olympiques, mais on désirait ouvrir le sport au plus grand nombre et avoir forcément plus de résultats, après, dans les classes d’âges supérieures, et sur les podiums internationaux.

TriMag : Justement, qu’en est-il de la génération des jeunes athlètes néo-zélandais aujourd’hui ? Il y a eu Erin Baker, vous, Cameron Brown (avec 12 victoires à l’Ironman de Taupo et deux secondes places à Hawaii),  Hamish Carter (champion olympique 2004), Bevan Docherty (doublé médaille olympique et champion du monde 2004), et Andrea Hewitt. Dites-nous donc un peu ce que vous pensez de la génération active en ce moment sur Ironman, les Bozzone, Braden Currie, Mike Phillips… Dites-nous aussi quels sont ceux qu’il faut avoir à l’oeil en ITU aujourd’hui: Hayden Wilde, Ryan Sissons, Nicole Van Der Kaay, Tayler Reid, Ainsley Thorpe ?

Rick Wells :  Vous avez raison de citer ces jeunes car je crois qu’on en a un bon petit paquet qui arrive et va mûrir joliment. Le triathlon en Nouvelle-Zélande est longtemps passé par un stade où les athlètes ne manquaient pas de qualités physiques mais ne résistaient pas bien à la pression d’un point de vue psychologique. On leur donnait la vie trop facile, on les sélectionnait trop facilement, on leur donnait trop d’argent, trop vite. Du coup, une fois arrivés dans le grand bain des rencontres internationales, ils se cassaient la figure, ils n’étaient pas assez forts. Les temps ont changé. On ne fonctionne plus comme ça. Mais il y a encore du travail. Et pour répondre plus précisément à votre question, oui, il y a des jeunes athlètes qui ont beaucoup de talent. Il y en a un que j’entraîne justement. Mais je ne vous donnerai pas de nom. Ce serait très certainement leur porter malheur !

TriMag : De tous les pros que vous avez côtoyés à votre époque, dans les années 80 et 90, lesquels vous ont le plus impressionné et pourquoi ? Est-ce que Yves Cordier, ça vous dit quelque chose ?

Rick Wells : J’ai vraiment pris beaucoup de plaisir à courir contre des gars comme les Californiens Mike Pigg et Scott Molina. Ces deux-là avaient un truc en plus. Face à eux, je parvenais toujours à donner le meilleur de moi-même. Bon, c’est sûr que tous les Australiens présents à ce moment-là sur le circuit étaient aussi des durs à cuire. Je me souviens en particulier de Brad Beven et Greg Welch. Chez les Européens, au risque de vous décevoir, je me souviens surtout de Simon Lessing. Simon était tellement complet. Il n’avait littéralement aucun point faible. Bien sûr je ne parle pas de Mark Allen mais c’est évident qu’il était le “Number one”

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